La psychiatrie de liaison au chevet des homes

Seul 1 % des résidents des homes fribourgeois ne présente aucun trouble psychique. Autant dire que la psychiatrie gériatrique a du pain sur la planche. Ce n’est pas Samia Hakimi qui démentira. Médecin directrice du Secteur de psychiatrie et de psychothérapie pour personnes âgées au sein du Réseau fribourgeois de santé mentale, elle souhaite rappeler l’importance de la psychiatrie de liaison en établissements médico-sociaux (EMS).

Cinq médecins pour près de 50 homes

La psychiatrie de liaison ? « Il s’agit des visites de médecins spécialisés en psychogériatrie dans les homes, à la demande des équipes soignantes », explique Samia Hakimi. Dans le canton de Fribourg toutefois, des contrats ont été passés avec la grande majorité de la cinquantaine de homes, qui fixent une fréquence de visites, mensuelle dans la majorité des cas. « Au sein de notre secteur, nous ne sommes que cinq médecins à faire ça, et je suis la seule germanophone », confie cette Germano-algérienne polyglotte, qui a donc hérité des homes alémaniques du canton. 

«Nous visons le confort du patient là où il vit»

Durant ces visites d’une demi-journée, le médecin discute avec l’équipe puis avec les résidents. « Les consultations se terminent par un rendu des conclusions à l’équipe soignante, qui sont également adressées aux médecins traitants », précise Samia Hakimi. « Ce sont eux, ou le médecin généraliste de l’établissement, qui devront entériner nos propositions de changements de traitement. D’une certaine manière, nous répondons aussi aux difficultés que rencontre le personnel soignant face au résident. Nous visons le confort du patient, là où il vit. »

Les besoins des EMS vont croissant

Des infirmières expérimentées ainsi qu’une psychologue de l’équipe de Samia Hakimi soulagent le travail des médecins, en effectuant aussi des visites. Mais à chacun son rôle : les infirmières vont échanger leurs expériences avec les équipes soignantes, ou valider leur façon de travailler. La psychologue, elle, s’occupera plutôt des proches en les aidant notamment à faire leur deuil « blanc », à atténuer un peu leur peine.

Couvrant aujourd’hui 85 % des quelque 3000 lits fribourgeois, et effectuant 500 consultations et 700 liaisons – consultations des équipes soignantes lors du refus du résident ou de sa famille – par an en moyenne, l’équipe de Samia Hakimi constate la demande et les besoins croissants des EMS. Elle entend bien y répondre, d’autant que la prise en charge précoce des troubles de l’humeur évite des hospitalisations coûteuses et stigmatisantes, rappelle la médecin. « Nos perspectives sont d’augmenter nos prestations, de les améliorer, de les adapter aux besoins et d’élargir également nos prestations infirmières et celles de nos psychologues. La formation du personnel soignant des EMS reste une de nos priorités. »